La gravure
La gravure avant la gravure, l'exemple chilien
© Mario Giorgetta
Atacama (Chili)
Archéologues et anthropologues attestent de la pratique de la gravure dès la préhistoire notamment sur les parois rocheuses. Au Chili, 75% de ces gravures répertoriées dans la région d'Atacama sont des camélidés. Ces représentations sont de factures variées, plus ou moins rectilignes, selon l'époque et l'artiste. Les sillons ont parfois été remplis de peinture blanche et agrémentés d'ornements peints couleur ocre rouge qui donnent plus de vie. Si les zones dans lesquelles ces gravures sont découvertes, sont dorénavant désertiques, elles ne l'étaient pas à l'époque préhistorique.
Techniques et matériaux
La gravure préhistorique intègre différentes techniques d’incision telles que le grattage, le piquetage ou le raclage. Le silex sert de burin et permet d’entailler bois, os, corne, ivoire, ou la pierre. La gravure est alors le matériau gravé lui-même. La gravure ne sert pas encore de technique de reproduction: l'objet gravé est un support et non une matrice.
Gravure et processus de socialisation
Son évolution intellectuelle et artistique amène l'homme à graver des objets. Sa pratique s'accompagne d'une recherche esthétique ainsi que de l'élaboration d'idéologies. Par exemple, la vaisselle est peu à peu décorée avec davantage de soin.
La Chine
Très tôt, les Chinois gravent des pictogrammes sur des supports variés : bambou, bois, os, écailles de tortue, pierre, puis bronze.
L'art du sceau
Ils creusent des caractères en écriture sigillaire à l’aide d’un stylet pour fabriquer des sceaux. Pour un usage courant, les sceaux sont en stéatite, cette pierre tendre qui ressemble pourtant au marbre quand elle est polie. Mais la pierre utilisée peut aussi être de valeur comme le jade ou autres pierres semi-précieuses. Quand les caractères sont détourés c’est le fond qui est imprimé, quand le fond est creusé ce sont les caractères qui le sont. Trempés dans l’encre rouge, ces sceaux servent d’abord aux dignitaires pour certifier des documents, biens ou titres, puis aux artistes pour signer leurs œuvres, jusqu’à devenir un art tout à fait officiel sous la dynastie Yin (XVIème – XIème siècles avant J.-C.)
Du Moyen-Age à nos jours
© Cécile Bouscayrol
Définition
La gravure désigne un travail d'art, d'artisanat ou d'industrie, obtenu en incisant ou en creusant des sillons à l’aide d’un instrument tranchant ou d’un mordant pour former une matrice altérable imprimante: partie qui reçoit l’encre, en relief ou en creux, et destinée à la reproduction d’une image ou d’un texte par impression ou par frappage.
La "gravure" est également le résultat de ce travail ou tirage en nombre limité d'une oeuvre d'art. "La gravure est un art qui s'en va, mais sa décadence n'est pas due seulement aux procédés mécaniques avec lesquels on l'a suppléée, ni à la photographie ni à la lithographie..." écrivait Delacroix dans son Journal, en 1857.
La gravure c'est aussi aujourd'hui l'image reproduisant à de nombreux exemplaires une œuvre graphique.
Le mot gravure remplace souvent à tort celui d’estampe plus générique car si toute les gravures sont des estampes, toutes les estampes ne sont pas des gravures.
De la gravure sur bois à l'imprimerie de Gutenberg
En Europe, grâce à l’apparition de la gravure sur bois : xyloglyphie (bois debout) puis xylographie (bois de fil) toutes sortes d’images pieuses sont diffusées associant image et texte. Lorsque l’imprimerie est inventée par Johannes Gutenberg en 1552 -impression de la Bible sur modèle du codex-, et la lecture rendue plus accessible, le texte est alors dissocié de l’image. L’utilisation du papier, plus économique, et non plus du parchemin ou du vélin, accélère le processus.
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