Armure
- “Armure”
- 1891
- Fusain et Crayon
- 50,7 x 36,8 cm
- ©
"Le propre de l'idéal est de n'évoquer jamais que des formes vagues, qui peuvent aussi bien être des lacs magiques que des éléphants sacrés, des fleurs extraterrestres aussi bien que des épingles de cravate, à moins qu'elles ne soient rien du tout. Or, aujourd'hui, nous demandons aux choses reproduites d'être précises, nous voulons que les personnages sortis du cerveau d'un artiste, remuent, pensent et vivent." Écrit Octave Mirbeau, 1891, à propos d'Odilon Redon.
La force d'évocation des dessins d'Odilon Redon est incontestable. Défenseur des impressionnistes, il a participé à la dernière exposition du mouvement en 1886, ses préoccupations étaient cependant plus proches de l'ésotérisme des Nabis. Ses dessins au fusain de sa première période (entre 1880-1900) précèdent son travail sur la couleur. Redon est un dessinateur.
"Armure" est un fusain, estompé, rehaussé de quelques traits de crayon Conté, gratté en certains endroits du papier. La profondeur du noir nous attire et nous repulse à la fois. La dualité rêve réalité fascine et le regard se fige sur le regard nimbé de lumière puis d'ombre. Les épines ajoutent une touche d'occulte et éveille des pensées inconscientes. De quoi s'agit-il ? Une armure pour se défendre, une part de soi qui souffre, à chacun de ressentir selon son vécu. Les auteurs des textes qu'Odilon Redon illustre, leur ouvrant d'autres dimensions, révèlent son choix esthétique : Alan Edgar Poe, Baudelaire, Huysmans, Mallarmé, et Flaubert.
Après qu'Odilon ait découvert la couleur, il ne put jamais retrouver l'inspiration de "ses noirs", il écrivit en 1902 à à Maurice Fabre "J'ai voulu faire un fusain comme autrefois : impossible, c'était une rupture avec le charbon. Au fond, nous ne nous survivons que grâce à des matières nouvelles. J'ai épousé la couleur depuis, il m'est difficile de m'en passer."
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Odilon Redon