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De nuit tous les chats sont noirs

Ejemplo de texto, del 21 agosto. Les habitants des hauts plateaux craignent que le projet ne les prive de leurs ressources en eau. | Chile/Cecile Bouscayrol
  • “De nuit tous les chats sont noirs”
  • Août 2012
  • Huile sur toile
  • 115x100cm
  • ©

Des couleurs pour un merveilleux voyage

Des chauve-souris volent au dessus de la ville. Un ballon de baudruche flotte dans un ciel bleu teinté de mauve. C’est un ballon lune aux oreilles pointues, félines. Que regarde la lune ainsi déguisée ? Cette ville qui semble s’éveiller, tandis que la lune s’attarde encore un peu, a des allures insolites. Les édifices semblent avoir des yeux, ils se dressent et prennent des airs furieux : regards qui épient en tout sens. L’ambiance est inquiétante. Le scénario est écrit, le regard capté, l’esprit intrigué.

Un chat qui devrait être gris, selon le titre de cette peinture, est composé d’une multitude de cabanes bigarrées. Ces abris sont couverts de tôles sur lesquelles se reflètent les couleurs de la nuit bleu indigo et bleu ultramarin, rose aussi, la lumière des lampes électriques blanche ou jaune, mauve parfois. C’est un jeu subtil d’effets colorés, harmonie colorée qui situe la scène dans le temps : la lumière de contre jour apparaît quand le soleil est bas dans le ciel. Cet éclairage génère un contraste entre le chat et son environnement urbain.

Ce travail en demi-teintes requiert une capacité d’anticipation des effets recherchés. Il nécessite une solide connaissance des interactions associées aux couleurs. Avoir donné vie au chat, qui devrait contraster en noir, en exposant sa silhouette à la lumière par une multitude d’autres sources de lumière, requiert de s’abstraire des règles de la physique pour les dévier au bénéfice de l’idée créative.

L’imaginaire ne se contente pas des limites que la réalité impose. Il a cette capacité à créer d’autres mondes parallèles. C’est magique. Voilà un chat aux pattes plantées dans le sol, il est immobile et pourtant en mouvement. C’est une statue qui inspire la vie. Toutes ces maisonnettes suggèrent la pauvreté, je ne vois aucune demeure luxueuse, et pourtant les lucarnes éclairées transmettent une joie, peut-être parce que elles insinuent la vie.

Qui est Lobsang Durney ? Un peintre visionnaire qui joue de ses pinceaux une symphonie de couleurs. Valparaiso a de gros yeux qui font peur. C’est une cité enchantée. Un bus reconnaissable parmi tous les autres, jaune et vert, a fini sa vie en ce lieu insolite. Malgré cette impression d’apocalypse, la mécanique de la vie continue. Le paradoxe de la destruction transmet son message. Quel est ce fleuve qui pénètre dans la ville, ancienne Valparaiso disparue, et qui coule en paisibles cascades ?

Antinomie étrange et séduisante

A droite du tableau surgit la tête d’un poisson de mer, un maquereau statufié, la bouche ouverte et dont la forme allongée, hydrodynamique, disparaît hors des limites physique de la toile, simulant ainsi un univers beaucoup plus vaste. Les petites dents effilées de ce maquereau sans vie participent à l’ambiance inquiétante de la scène. Un câble relie le poisson au chat, amenant à l’entrée principal d’une ville imaginaire plus petite, plus vivante. Là, apparaît le chat noir.

Cette ville représentée sur ce chat semble avoir été extraite d’une colline de Valparaiso, sorte d’échantillon. La vie humaine est suggérée par La fée électricité -selon son œuvre (1937) gigantesque 1 000 cm × 6 240 cm du peintre Raoul Dufy et qui devait « Mettre en valeur le rôle de l'électricité dans la vie nationale française et dégager notamment le rôle social de premier plan joué par la lumière électrique »- Le corps du chat intègre un escalier qui permet de circuler de l’intérieur vers l’extérieur, d’un coté à l’autre. Cette spécificité rapproche également de la vie quotidienne des habitants des collines de Valparaiso.

La peinture De nuit tous les chats sont gris de Lobsang Durney est à la fois spécifique du travail d’un peintre qui a développé sa propre ligne : ambiances choisies, mises en scène élaborées, transmission d’un message, liberté d’interprétation du dit message qui situé au cœur de Valparaiso le rattache à son origine chilienne, mais qui finalement, hors contexte, pourrait appartenir au seul imaginaire de celui qui la regarde. Cette peinture fait partie d’une récente série de Lobsang Durney. Cette série de peintures révèle l’extraordinaire capacité de Lobsang Durney à transporter le spectateur dans un monde imaginaire.

Créativité et potentiel économique pour la société chilienne

J’imagine une rencontre avec un scénariste et un réalisateur capables de transposer cet imaginaire en film de cinéma d’animation, ce genre de rencontre qui font qu’un chef d’œuvre peut exister. Lorsque Paul Grimaud et Jacques Prévert ont associé leurs talents, est né le Roi et l’oiseau. Wojciech Kilar écrivit une musique interprétée par l'Orchestre Symphonique de la Radio et de la Télévision Polonaise de Katowice sous la direction de Stanislaw Wislocki. Ce chef-d’œuvre a participé à la notoriété d’un genre trop souvent infantilisé.

La peinture de Lobsang Durney se compose d’art populaire, de raffinement, d’humour et de poésie, pour la plus grande joie de ceux qui savent voyager. Je souhaite participer à encourager ces talents et suggérer ces indispensables rencontres, en témoignant du potentiel intrinsèque aux véritables créateurs, viviers de singulières richesses pour toute société attentive.

Cécile Bouscayrol

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