Daniela Isache

Daniela Isache © 2013 Galerie Cupola, Iasi Roumanie

Quand j'étais jeune, je regardais le monde différemment de mes amis. Je voyais un monde étrange, inquiète de remarquer que les autres ne le voyaient pas comme moi. Le monde me paraissait injuste et fait de malheur. En observant attentivement les visages des gens, je les trouvais très expressifs et j'étais touchée par leurs traits étranges. Ils n'étaient ni beaux ni laids mais expressifs. Alors, j'ai commencé à peindre ces visages et j'ai rencontré mon amour à venir – l'Expressionnisme. A ce moment, j'ai découvert et compris que la peinture expressionniste pouvait exprimer la vie telle que je la vois.

"Si l’Expressionisme n’avait pas existé, je l’aurais inventé." Motto

Daniela Isache © 2014 Galerie Farin, Bologna Italie

J'ai utilisé l'Expressionnisme sans aucune concession à la peinture qu'elle soit belle ou décorative. Je l'ai utilisée avec force et quelquefois avec désespoir. Cependant, quand j'achevais une peinture je me sentais libérée. Je me sentais comme si ma tristesse et problèmes disparaissaient de ma vie. Les raisons dramatiques que je rencontrais dans la vie quotidienne créaient d'insurmontables interrogations et tensions. Je me calmais, toutefois quand je regardais ma peinture, j'ai vu la peur, la tristesse et j'ai compris que mon Expressionnisme me sauvait. Certains m'ont dit qu'ils ne pouvaient pas rester indifférents quand ils regardaient ma peinture qui les faisait penser et réagir ; c'est l'essentiel pour un Homme – de ne pas rester indifférent à ce qu'il voit. Certains m'ont accompagnée sur les routes de mon apprentissage et de mon existence compliquée.

L'Expressionnisme me fit penser aux jours tristes de ce monde. J'ai vu les maladies de notre siècle et je suis entrée dans l'univers du social qui, en même temps, suggère les éléments de mon environnement proche. C'est un univers tellement complexe, merveilleux et parfois terrifiant !

J'ai compris que ma vie et la vie de ceux qui aiment mon Expressionnisme étaient reconnaissants au monde Expressionniste. L'Expressionnisme est ma façon de montrer le monde tel que je le vois.

Daniela Isache

Trad. de l'anglais Cécile Bouscayrol

Daniela Isache © 2006 Appareil photo - Huile sur toile 50x80 cm

At almost one century since the manifestations of the first Expressionists, Daniela Isache considers that the Expressionist lesson has not exhausted its substance, through erosion. She continues to gloss on the portrait-mask theme, with the efficiency implied by this direction of expression. Her violent colours and vital painting suggest an imaginary fight against the derisory reality. Daniela Isache paints as she feels. She applies the Expressionist style without making any concession to the beautiful or decorative painting, with force and sometimes with despair. Exacerbation by dramatic expression of the motifs extracted from night phantasms starts insurmountable interrogations. Most often, she seeks the invisible, creating parallel realities, which are personalized according to the fictions she has access to. Her painting stresses on the diseases of this century. The connection between century diseases enters the social zone, on the condition of suggesting a few things about the universe beside us. This universe is sometimes so marvelous, but also it can be terrifying. The world show is derisive, while Daniela Isache continues to pillory human horrors with force and repulsion.

Valentin Ciucă, critique d’art

Un secol de arte frumoase la Iaşi (Une Centaine d’Années des Beaux Arts à Iaşi) , ART XXl Publishing House, Iaşi, Roumanie, 2004

Daniela Isache © 2010 Profil de la Douleur, huile sur toile 90x50 cm

Dans les documentaires qui présentent votre peinture, apparaissent essentiellement des portraits, des corps, souvent des parties du corps. J'ai noté la pomme qui n'a pas de pépin mais est cousu d'un fil de fer barbelé, la poitrine irriguée de vaisseaux bleus, les nombreux visages (la tête aux deux visages assemblés par une couture métallique, rouge au regard pensif, bouche entrouverte, désir d'exister probablement, et bleu paupière close, bouche ouverte, le sommeil éternel peut-être), l'oeil qui "pleure" des germes et dont jaillit une veine dont les petits vaisseaux sanguins sont saillants, la colonne vertébrale qui se métamorphose en arbre...

Se référer à Otto Dix est significatif, je connais les gueules cassés pour avoir été sur les mémoriaux et champs de bataille : Verdun, chemin des dames, etc., mais aussi en étudiant Rodin dont l'une des élèves fabriquait des masques pour ces soldats mutilés.

La peinture expressionniste, comme le qualificatif l'indique, incite aux émotions, elle plait ou déplait et nous savons qu'elle a été considérée comme un "art dégénéré" sous le régime nazi. Je me suis intéressée à Emil Nolde...

Je me demande ce qui détermine un engagement aussi marqué : l'expressionnisme ? Est-ce un choix technique, une affinité pour les couleurs, une référence à l'histoire, un cheminement ? Quelle est la signification de votre iconographie, est-elle liée à votre histoire, est-elle spontanée ou bien anticipez-vous ? Je suis fascinée par la diversité des expressions et la sincérité de la démarche est toujours ce qui me motive à connaître davantage la créativité d'un artiste.

Cécile Bouscayrol 2015 Entretiens

Biographie

Je suis née le 28 juin 1958 à Iaşi, Roumanie. J’ai suivi les cours de l’Université Al. I. Cuza de Iaşi (Roumanie) de 1977 à 1981. J’ai fait des études de peinture dans l’atelier du peintre Ion Neagoe de 1985 à 1991. Je suis membre de l’Union des Artistes Plasticiens de Roumanie depuis 1999.

Expositions personnelles de peinture

Salle Rotonda UMF Iaşi (1985), Salle Flacăra Iaşului Iaşi (1985-1987), Galerie Cronica Iaşi (1987, 1988, 2003), Hôtel Orizont Iaşi (1987), Centre Culturel Français de Iaşi (1986), Théâtre Luceafărul Iaşi (1988), Mu- sée Casa Pogor Iaşi (1988), Théâtre Foarte Mic de Bucarest (1987), Maison des Ecrivains de Kishinev (République de Moldova) (1990), Centre des Affaires de Mangalia (2004), Galerie Cupola Iaşi (2001-2013).

Expositions collectives de peinture

Salon de l’Union des Artistes Plasticiens de Roumanie, Palais de la Culture, Galerie de la Fondation Royale de la Bibliothèque Universitaire Mihai Eminescu et World Trade Center Iaşi (2000-2014), Cènacle des Artistes Plasticiens Stefan Luchian, La Salle des Pas Perdus, Université Al. I. Cuza Iaşi (2003-2006), Salons de Moldova, Bacău et Kishinev (2004-2014), Biennale des Arts Plastiques Gheorghe Petraşcu Tîrgovişte (2012), Exposition Anotimpul semnelor noastre Tîrgu Jiu (2013) Exposition Ritmuri atemporale Palas Mall Iaşi (2013), Exposition Inima, Palas Mall Iaşi (2013), Exposition Internationale Balcic – Artişti fără frontiere, Ruse, Bulgarie (2013), Exposition “Sǎrbǎtori”, Galerie d’Art Elite Prof Art Bucarest (2013), Iaşi, Cité de l’art et de la culture, Galerie “Cupola” (2013), Exposition Eminesciana, Galerie de la Fondation Royale de la Bibliothèque Universitaire Mihai Eminescu (2014), Salon National des Arts Plastiques Atitudini Contemporane Palas Mall Iaşi (2014), Exposition L’Arte a confronto, Galleria Farini, Bologna, Italie (2014), Exposition des Arts Contemporains World Trade Center Bucarest (2014), Mediterranean Art Festival, Museo della Memoria Ile Eolie-Lipari, Italie (2014).

Oeuvres dans des musées Musée Casa Pogor de Iaşi, Maison des Ecrivains de Kishinev (République de Moldova) et dans des collections privées de Romanie, République de Moldova, Allemagne, Espagne, Italie et Etats Unis.

Présentation du tableau L’Homme des profondeurs dans le film Erik Zamani/ Time of the Plums, mis en scène par Seen Kayan (Turquie) en 2011.