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Je peux écrire les vers les plus tristes ce soir

Cristian Castillo

Je peux écrire les vers les plus tristes ce soir - De l’interprétation du thème proposé par la 7ème Triennale de Bitola, “Océans et constellation d’étoile”, sont nées deux oeuvres originales qui révèlent le talent d’un artiste expérimenté. Ces deux xylographies se complètent et racontent en deux épisodes une histoire triste, en apparence banale. En parallèle à ce drame de la mort du Poète, sujet principal du scénario, se déroulent en effet d’autres réalités.
Ejemplo de texto, del 21 agosto. Les habitants des hauts plateaux craignent que le projet ne les prive de leurs ressources en eau. | Chile/Cecile Bouscayrol
  • “"Je peux écrire les vers les plus tristes ce soir"”
  • 2012
  • Xylographie
  • 40 x 56 cm
  • ©

Océans et constellation d'étoile

Cristian Castillo propose une interprétation singulière du thème “Océans et constellations d’étoiles” Les deux xylographies réalisées sont interactives.

"Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit" est la première à avoir été réalisée. Elle a plusieurs éléments en commun avec la deuxième. Tout d’abord, la scène se situe à l’intérieur tout en proposant des ouvertures vers l’extérieur. C’est un intérieur qui semble aussi paradoxalement un extérieur. En effet, si le fond noir parsemé d’étoiles simule un ciel de nuit étoilée, les personnages presque bicéphales placés l’un derrière l’autre s’abritent sous un parapluie, ce qui prête à penser qu’ils sont dehors. Dans la seconde version « L’adieu au poète », les deux personnages font du cycle, cela évoque un espace ludique soit la rue, soit un chapiteau de cirque.

Sous un arc identique dans les deux estampes, apparaît un homme, le poète semble t’il (le titre amène à le penser) Il est nu, droit sur ses jambes, avec de tout petits pieds et des mains informes. Des spirales se substituent à la poitrine. Son crane rasé et la silhouette sans taille de son corps sont ceux d’un homme, tandis qu’à l’endroit de son sexe la forme graphique en amande. Le poète se détache sur un fond en léger relief en sa partie supérieure, striée à l’horizontal (qui pourrait représenter l’océan) et dans sa partie inférieure griffée de petites saillies. Dans les deux images, ces personnages sauf un ont la bouche entrouverte avec de petites dents.

Dans l’autre estampe, sous le même arc apparaît un arbre planté droit et feuillu. Cet arbre est positionné au creux de deux montagnes noires en arrière plan. Ces montagnes rappellent celles du maître graveur Santos Chavez, réminiscence probablement subconsciente qui nous rappelle que Cristian Castillo fut son assistant. Devant l’arbre, il y a un cercueil fermé. Quelqu’un est mort. Le titre « L’adieu au poète » incite à penser qu’il s’agit du poète.

Une échelle prolonge cette porte. Dans la première estampe, elle est placée à l’angle supérieur gauche et monte verticalement jusqu’à la limite de l’image. Dans la seconde estampe, cette échelle apparaît à l’angle inférieur droit, cette fois à la verticale. L’échelle symbolise généralement l’ascension sociale et les efforts conséquents à concrétiser. Poser au sol, l’échelle perd son sens, elle n’a plus d’utilité puisque le poète n’est plus.

Les personnages sous le parapluie dans "Je peux écrire les vers les plus tristes cette nuit" sont tellement proches qu’ils paraissent surgir d’un seul buste (j’ai tendance à penser tronc) Chacun a un œil poché avec une croix ou bien borgne évidé blanc ou noir, de sorte que leur apparence est disgracieuse. La notion de monstruosité est récurrente au Chili, ainsi les dessins de Marko Molina, antérieurs à ceux de Cristian Castillo mais également artiste de Valparaiso, développe cette thématique. De même ceux de Claudio Romo qui, lui, est originaire de Conception au sud du Chili. De nombreux préjugés sont véhiculés concernant la difformité et ses formes de représentation. Au-dessus des personnages sous le parapluie, figure leur reproduction à l’envers (sorte d’écho) mais les paupières sont closes. Et si dans cette première estampe, les visages sont vus de face, dans la deuxième ils sont vus de profil. Ces visages sont hiératiques, ils n’expriment aucun sentiment de joie.

Plusieurs éléments confèrent à la deuxième scène un soupçon d’ironie, voire d’humour caustique. L’environnement étoilé et l’idée de mort du poète sont paradoxales. En effet cette constellation d’étoiles devrait engendrer une atmosphère ludique, or elle ressemble davantage à un papier peint collé sur un mur. Les « saltimbanques » montés sur des cycles sont auréolés de couronnes d’épines. Je vois là une référence au travail de Christian Carrillo et qui questionne. Le poisson participe étrangement à la scène, il appartient au répertoire iconographique de Cristian Castillo (poisson vendu au coin de la rue par de modestes marchands, à Valparaiso ou ailleurs au Chili, selon la tradition des marchands ambulants)

La technique de la xylographie a permis de créer la diversité des maillages et stries dont la blancheur contrastent avec le fond noir. Elle donne à ces estampes une force profonde et tranquille. La succession logique de ces deux estampes suggère une histoire dont ne nous est racontée que la fin. Les océans ont été omis au profit de la constellation d’étoiles et surtout d’une histoire triste.

Cécile Bouscayrol

7ème Triennale de Bitola, République de Macédoine

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