Tete de femme tahitienne

• “Tête de femme tahitienne”
• 1892
• Fusain
• 41,9 x 31,1 cm
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En 1887, Paul Gauguin (1848-1903) écrivait : "L’expérience que j’ai faite à la Martinique est décisive. Là seulement je me suis senti vraiment moi-même [...] plus encore que dans mes œuvres de Bretagne." puis, en février 1890, Paris, à Mette : "Puisse venir le jour ou j'irai m'enfuir dans les bois sur une île d'Océanie, vivre là d'extase, de calme et d'art. Entouré d'une nouvelle famille, loin de cette lutte Européenne après l'argent. Là à Tahiti, je pourrai au silence de belles nuits tropicales, écouter la douce musique murmurante des mouvements de mon coeur en harmonie amoureuse avec les êtres mystérieux de mon entourage. Libre enfin, sans souci d'argent et pourrai aimer, chanter et mourir."

Paul Gauguin fit un premier séjour aux îles Marquises en 1991-1993, alors qu'il vivait encore dans sa Bretagne natale en France. Il aspirait à échapper à la société civilisée, à trouver en lui-même "le sauvage, le primitif". Mais si son portrait de Tahitienne tracé au fusain représente une jeune-fille aux traits indigènes, il révèle aussi par le vêtement au col de collégienne éduquée et convertie au christianisme. Le visage est délimité par un trait vigoureux, cerne noir prononcé qui se prolonge dans la chevelure ébouriffée pour en signifier le caractère indomptable. Le regard est placide, la bouche marque le dédain.

Pendant l'hiver 1893-1894, Paul Gauguin pratiqua l'ancien procédé du bois gravé, taillant et tirant en ocre et noir sur papier des estampes à partir de ces sujets dits primitifs. Ces gravures devaient illustrer son "livre d'heures du Pacifique", selon le mot de Jean Loize* : "Noa Noa", recueil de souvenirs, légendes sacrées océaniennes et poèmes ou textes de Charles Morice.

*Jean Loize "Gauguin écrivain ou Les sept visages de Noa Noa", publié au Journal de la Société des Océanistes, Musée de l'Homme 1948