Imposition

Nicolás de Jesús

• “Imposition”
• 1992
• Eau-forte Aquatinte
• Papel Amate 70x80 cm
• ©

"L'implacable imposition tant religieuse que politique et socio-économique dans les villages qui sont exploités par les plus puissants au niveau mondial."

Nicolás de Jesús

Les peuples amérindiens qui avaient développé des traditions fortes furent soumis au début du XVIème siècle après J.-C. par les conquistadors espagnols, puis convertis par les missionnaires de l'Eglise à une religion qui se voulait omnipotente.

Nicolas de Jesús relate une scène de violence lors de laquelle l'indigène dit catéchumène (parce qu'il n'est pas encore baptisé) qui devait être instruit s'agenouille devant le baptistère tandis qu'un religieux le baptise à grande eau bénie. Ce religieux coiffé d'une tiare pontificale et vêtu de l'habit religieux (prérogative de la vie communautaire) : tunique blanche et spaculaire (dont l'aspect spécifique de l'utilisation est l'obéissance, le retirer signifie donc renier la vie monastique) de couleur brune symbolise à la fois la souveraine puissance spirituelle de l'autorité du Saint-Siège (à Rome) et les différents clergés. La représentation du corps matériel du religieux (voire de la religion) sous la forme d'un squelette permet à l'artiste d'introduire la singularité de l'identité mexicaine.

La conversion de l'indigène est clairement dénoncée comme contrainte puisque ses poings sont ligotés aux poignées par des liens mais, finalement, relativement illusoire au vue de la force de l'identité sociale des peuples autochtones.

Cette gravure intitulée Imposition dans le sens des mains (geste rituel) rappelle comment ces peuples ont perdu la Liberté face au prosélytisme de la religion. En se référant indirectement à la trilogie de Père, du Fils et du Saint-Esprit par le biais des oiseaux qui descendent en multitude depuis les cieux, l'artiste énumère plusieurs attributs du pouvoir soudainement devenu prédominant : la Bible traduite en latin pour que les récents convertis apprennent le langage de l'Eglise (remarquez la chaîne sur la page de droite), la couronne symbole de la puissance monarchique (pouvoir décideur implacable) car les royautés ont toutes sans exception validé le principe de l'appropriation des terres et des biens des Indiens, l'hostie (qui représente le corps du Christ, victime « après laquelle nulle autre ne doit plus être immolée ») ? Placée telle une auréole derrière la tête de l'oiseau.

C'est le drame de la perte d'identité qui est évoqué, les peuples autochtones ayant dû obtempérer face à l'occupation de leurs territoires par des conquérants fanatiques ou/et, le plus souvent, avides de richesses. Ainsi, les amérindiens du Mexique -les Nahuas- qui partageaient la même langue -le nahuatl- et une culture émanant de l'empire aztèque dont l'ancienne capitale fut Tenochtitlan (du mot nahuatl tenochtli qui pourrait signifier figuier de Barbarie), « l'endroit où l'univers est perpétuellement régénéré par les sacrifices humains », fondée en 1323, ne purent maintenir que partiellement ce lien essentiel qui unissaient les peuples préhispaniques de Tlaxcala, Chalco, Cholula y Acolhuacán dont l'influence s'étendait sur d'autres peuples de la région (des états actuels de de Guerrero, Hidalgo, Estado de México, Morelos, Michoacán y Puebla).

Cécile Bouscayrol